
Plusieurs matinées enneigées ont adouci les paysages parfois sévères de l’hiver en Haut-Limousin. Merci à cette brebis qui a pris gracieusement la pose devant son groupe sur un élégant fond de camaïeux de gris. N’en déplaise au changement climatique, cela fait longtemps que nous n’avons pas eu un mois de janvier aussi pluvieux et froid, mélancolique comme un dimanche ! D’où une envie d’indulgence, d’un bouquet aux couleurs tendres, de goûts d’enfance talentueusement cultivés par le pâtissier local, Chantilly bien ferme d’un baba au rhum parfaitement dosé et moelleux d’une religieuse au chocolat fondante, ou plus citadins chics comme à la pâtisserie de Bessines.
« Petits dimanches de famille, petits dimanche d’autrefois, petits dimanches d’aujourd’hui, le temps balance en ostensoir au bout d’une ficelle brune. Un peu de crème pâtissière a fait juste une tache en haut de la religieuse au café. »
—Philippe Delerm, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Le paquet de gâteaux du dimanche matin
Premier portrait timide de Gustave
Gustave est enfin sorti de la période traumatique qui l’a poussé il y a un an et demi, à mendier à la porte de la cuisine. Mais qu’a-t-il dû vivre pour rester en sidération aussi longtemps ? Aurais-je dû forcer plus tôt son périmètre de sécurité ? Est-ce que les autres chats lui ont finalement accordé l’autorisation de faire partie de la famille après une longue mise à l’épreuve ?
Gris comme le style gustavien que j’affectionne, son nom fut vite trouvé. Ne sortant que le strict nécessaire, fuyant sous les meubles à la moindre vision d’un humain, il avait pourtant réussi le prodige de faire amitié avec mes autres chats, qui, disons, le toléraient à condition qu’il reste à sa place de « réfugié humanitaire ».
Pendant ces longs mois, je le croyais né sauvage dans une ferme des environs, et contournais sa discrète présence dans le jardin l’été, à l’étage l’hiver. A part de rares incursions au salon, il planquait à la dure, collé à la colonne de cheminée derrière le miroir de la salle de bain. Jusqu’à ce matin de janvier où je me suis risquée à lui tendre la main, il se laissa câliner et brosser. S’il reste craintif et reclus, il s’est métamorphosé par magie en chat sociable et affectueux, privilégiant désormais mon lit à sa rudimentaire couche sur le plancher. A suivre…
